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Médecins libéraux : des professionnels mal soignés

Une étude de l’Ifop menée pour La Mutuelle du médecin, rendue publique le 24 septembre, révèle que l’état de santé des médecins libéraux est préoccupant.

Par Laure Martin.

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Cette étude(1) montre de « nombreux signaux d'alerte sur l'état de santé des médecins », a alerté Fabienne Gomant, directrice adjointe du département « opinion et stratégies d'entreprise » de l'Ifop .
L’enquête révèle que 75 % des médecins déclarent être leur propre médecin traitant, une réalité plus marquée chez les hommes (78 %), les généralistes (81 %), les praticiens en cabinet individuel (82 %) et chez ceux ayant une expérience professionnelle de plus de 30 ans (82 %). Autre pratique peu surprenante : ils sont 77 % à être le médecin traitant de leur famille (59 % pour leur conjoint, 57 % pour leur enfant et 19 % de leur parent). Cette réalité est néanmoins plus répandue chez les médecins de plus de 60 ans (91 % sont concernés), seuls 57 % des moins de 40 ans le sont.

Une insatisfaction globale

Interrogés sur leur satisfaction au travail, 76 % des médecins répondants sont satisfaits de leur situation professionnelle, un résultat identique aux salariés français. Parmi les insatisfaits, 34 % sont des généralistes, qui sont également 15 % à déclarer avoir pris des antidépresseurs au cours de ces cinq dernières années, contre 6 % chez les autres spécialistes. Les généralistes sont aussi 34 % à déclarer avoir une mauvaise qualité de sommeil. Les médecins libéraux estiment par ailleurs à 53 % être moins bien soignés que leur patient, une part plus élevée chez les femmes (65 %). 27 % d’entre eux ne suivent pas les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) en matière d’examens, de vaccinations. Pourtant, ils ne sont pas exempts de certains risques en matière sanitaire puisque 55 % d’entre eux disent être concernés par des risques cardiovasculaires. Parmi eux 86 % sont dans une démarche de prévention.

32 % à estimer avoir dans leur entourage un confrère dont ils pensent qu’il ne devrait plus exercer son activité du fait de son état de santé.

Des difficultés à s’arrêter

14 % des médecins se déclarent eux-mêmes concernés par une addiction et 50 % d’entre eux révèlent connaître un confrère qui en souffre. Ils sont également 32 % à estimer avoir dans leur entourage un confrère dont ils pensent qu’il ne devrait plus exercer son activité du fait de son état de santé. Ils ne profitent pourtant pas des arrêts de travail puisque 49 % d’entre eux n’en ont jamais pris un seul dans leur carrière et 81 % y ont déjà renoncé alors qu’ils étaient malades, par conscience professionnelle (73 %), en raison de l’absence d’un remplaçant (50 %), pour des raisons financières (39 %) ou encore pour ne pas surcharger un confrère (34 %). « Le médecin a sa patientèle qui est là et il lui est difficile de s’arrêter, rappelle le Dr Arnault Olivier, président de la Mutuelle du médecinC’est aussi pour cette raison que les jeunes médecins veulent exercer à plusieurs, avoir une rémunération et des horaires fixes. Mais l’inadéquation entre le désir de la jeune génération et les modes de rémunération et de travail entraîne les difficultés que nous connaissons actuellement, à savoir la désertification de certaines zones du territoire. »

Note
(1) 301 médecins libéraux (225 hommes et 76 femmes) toutes spécialités confondues ont étéinterrogés en ligne du 22 août au 6 septembre.

par Laure Martin