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#01 Ralentir le vieillissement pour traiter les maladies liées à l’âge 
/ Comme à la fac S2

Dans les pays développés, la plus grande partie des décès chaque année sont liés à l’âge. Certains sont dus aux suites de maladies liées à l’âge, comme les maladies cardiovasculaires et le cancer. D’autres sont dus à la vulnérabilité accrue de l’organisme avec l’âge.

Par Maël Lemoine.

MaelLemoine

Devant cette situation, les chercheurs ont adopté la même stratégie que dans tous les domaines de la recherche biomédicale : ils se sont majoritairement spécialisés par maladie ou par mécanisme physiopathologique.

Cependant, beaucoup pensent que c’est le vieillissement lui-même qui rend fatale la survenue des maladies liées à l’âge. C’est lui encore qui les rend difficiles à traiter. C’est lui enfin qui peut donner le sentiment que ces recherches sont assez vaines. Robert Weinberg, une très grande figure de la recherche biomédicale sur le cancer, indique que si l’on soignait tous les cancers – deuxième cause de mortalité aux Etats-Unis comme en France – on ajouterait simplement 3 ans d’espérance de vie à la population.

Alors, la recherche sur le cancer ou les maladies cardiovasculaires est-elle condamnée à l’impuissance et à l’échec ? Non. Selon certains chercheurs, qui se réclament d’une approche appelée « geroscience », il y a une bonne nouvelle : toutes les maladies liées à l’âge trouvent leur origine dans un processus biologique commun - le vieillissement. En conséquence, toute action sur le vieillissement lui-même est susceptible, selon eux, d’avoir un impact sur toutes les maladies liées à l’âge simultanément.

L’approche des gérosciences a été représentée assez clairement par le schéma suivant, tiré d’un article du généticien britannique David Gems :

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L’idée est qu’en ciblant soit un mécanisme commun à plusieurs maladies liées à l’âge, par exemple cardiovasculaires comme le traitement B ici, voire un mécanisme commun à toutes les maladies liées à l’âge, comme le traitement A ici, on pourrait être beaucoup plus efficaces qu’en restant aveugles à ces causes d’amont des maladies liées à l’âge.

Les gérosciences constituent incontestablement une approche nouvelle et intéressante du problème des maladies liées à l’âge. Mais elles suscitent aussi beaucoup de questions.

Tout d’abord, ce programme reste très abstrait et théorique : les spécialistes des différentes maladies ont du mal à trouver des faits explicatifs nouveaux dans l’investigation des mécanismes du vieillissement. Dans le domaine du cancer par exemple, il semble que les chercheurs tenaient déjà compte du rôle de certains mécanismes du vieillissement, comme l’accumulation aléatoire de mutations. D’autres, pourtant, insistent sur des facteurs comme l’immunosénescence, ou le rôle du vieillissement des cellules du tissu sain qui entoure le cancer et participent à ce que l’on appelle le microenvironnement tumoral.

Ensuite, les succès thérapeutiques ne sont pas encore au rendez-vous. Une approche thérapeutique du cancer inspirée des gérosciences consiste à développer ce que l’on appelle les sénolytiques – des traitements qui éliminent les cellules sénescentes de l’organisme. Beaucoup de molécules en sont, depuis une petite dizaine d’années, au stade du développement préclinique. Mais il y a aussi des arguments solides pour penser que ces traitements pourraient avoir des effets secondaires majeurs.

Néanmoins, c’est une approche à suivre. Un essai, baptisé TAME, est en cours aux Etats-Unis. Il consiste à prescrire de la metformine à des sujets sains, pour voir l’impact de ce traitement sur la survenue de diverses maladies liées à l’âge. L’argument est que la metformine retarderait le vieillissement en agissant sur un des processus du vieillissement, l’altération de ce que l’on appelle « nutrient sensing ».

Qui vivra verra… à condition de vieillir assez pour le voir.

par Maël Lemoine

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